Optimiser VMware vSphere : Guide d’Expert

Introduction

VMware vSphere est la plateforme de virtualisation de référence pour les infrastructures modernes. Son optimisation ne se limite pas à une configuration initiale. Elle nécessite une surveillance continue. Des ajustements précis sont nécessaires pour répondre aux besoins des applications critiques et des utilisateurs.

Optimisation des ressources CPU

Affectation des vCPU

Eviter la surallocation excessive qui entraîne du CPU Ready Time.

Le CPU Ready Time est le temps pendant lequel une VM est prête à exécuter des instructions. Cependant, elle doit attendre que l’hyperviseur lui attribue un CPU physique.

Plus il est élevé, plus les performances de la VM se dégradent (latence, ralentissements applicatifs).

Causes principales
  • Surallocation de vCPU : attribuer trop de processeurs virtuels par rapport aux ressources physiques disponibles.
  • VM oversizing : donner 4 ou 8 vCPU à une VM qui n’en utilise réellement que 1 ou 2.
  • Concurrence entre VM : plusieurs VM gourmandes en CPU sur le même hôte.
Bonnes pratiques d’affectation des vCPU
  • Dimensionner selon la charge réelle. Commencer avec le minimum nécessaire (souvent 1 ou 2 vCPU). Augmenter uniquement si les métriques le justifient.
  • Surveiller avec vCenter : analyser le CPU Ready % et le Co-Stop pour détecter les VM surdimensionnées.
  • Éviter le “plus c’est mieux” : trop de vCPU peut ralentir une VM au lieu de l’accélérer.
  • Utiliser DRS (Distributed Resource Scheduler) : répartir automatiquement les VM pour limiter la contention CPU.
  • Respecter l’architecture NUMA : aligner les vCPU sur les nœuds physiques pour réduire la latence mémoire.
Indicateurs clés
  • CPU Ready Time > 5 % : signe d’un problème de contention.
  • Co-Stop : mesure du temps perdu par une VM SMP (multi-vCPU) lorsque les vCPU ne peuvent pas s’exécuter en parallèle.

Mieux vaut une VM avec moins de vCPU bien utilisés qu’une VM surdimensionnée qui souffre de latence.

NUMA Awareness

Placer les machines virtuelles sur des nœuds NUMA cohérents pour réduire la latence.

Le concept de NUMA (Non-Uniform Memory Access) est essentiel. Il optimise les performances des machines virtuelles dans un environnement VMware vSphere. Cela est particulièrement vrai lorsque l’on travaille avec des serveurs multiprocesseurs dotés de plusieurs sockets. Il est également crucial pour les serveurs avec de grandes quantités de mémoire.

Qu’est-ce que NUMA ?
  • Dans une architecture NUMA, chaque processeur (socket) dispose de sa propre mémoire locale.
  • L’accès à la mémoire locale est rapide. En revanche, l’accès à la mémoire d’un autre nœud NUMA est plus lent. Cela entraîne une latence accrue.
  • VMware ESXi peut détecter cette topologie. Il optimise ensuite l’affectation des vCPU et de la mémoire des VM en conséquence.
NUMA Awareness dans vSphere
  • Placement automatique des VM : ESXi tente de placer les vCPU d’une VM sur un seul nœud NUMA pour réduire la latence mémoire.
  • Wide-VMs : si une VM a plus de vCPU que le nombre disponible sur un nœud NUMA, elle est répartie sur plusieurs nœuds. Cela peut entraîner des accès mémoire distants.
  • vNUMA (Virtual NUMA) : exposer la topologie NUMA à l’intérieur de la VM (utile pour les applications sensibles comme bases de données ou HPC).
Bonnes pratiques
  • Dimensionner correctement les vCPU : éviter de dépasser le nombre de cœurs d’un nœud NUMA.
  • Aligner mémoire et CPU : attribuer suffisamment de mémoire locale pour que la VM reste sur un seul nœud.
  • Activer vNUMA pour les VM larges : cela permet au système d’exploitation invité et aux applications de mieux gérer la répartition mémoire/CPU.
  • Surveiller la latence mémoire : via les métriques vCenter (Memory Latency, NUMA Stats).
  • Préférer plusieurs petites VM plutôt qu’une seule VM surdimensionnée qui traverse plusieurs nœuds NUMA.
Exemple pratique

Serveur avec 2 sockets, 12 cœurs chacun, 128 Go RAM → chaque nœud NUMA = 12 cœurs + 64 Go RAM.

  • Une VM configurée avec 16 vCPU et 96 Go RAM sera forcément répartie sur les deux nœuds NUMA → risque de latence.
  • Une VM configurée avec 12 vCPU et 64 Go RAM restera sur un seul nœud NUMA → performances optimales.

NUMA Awareness consiste à respecter la topologie physique des serveurs pour éviter les accès mémoire distants et garantir des performances stables.

Hyperthreading :

Activer cette fonctionnalité pour améliorer la parallélisation, mais surveiller les workloads sensibles.

Hyperthreading dans VMware vSphere permet à un cœur physique de se comporter comme deux processeurs logiques, améliorant la parallélisation mais nécessitant une configuration et une surveillance adaptées pour éviter les effets de contention.

Qu’est-ce que l’Hyperthreading ?
  • Principe : un cœur physique exécute deux threads simultanément, ce qui double le nombre de processeurs logiques visibles par l’hyperviseur.
  • Avantage : meilleure utilisation des ressources CPU, surtout pour les workloads multi‑threadés.
  • Limite : les deux threads partagent les mêmes ressources internes du cœur. Ces ressources incluent le cache et les unités d’exécution. Donc, le gain n’est pas équivalent à un doublement de performance.
Hyperthreading dans vSphere
  • Activation : se fait au niveau du BIOS/UEFI du serveur, puis est reconnu par ESXi.
  • Gestion par ESXi : l’hyperviseur considère chaque cœur logique comme un CPU disponible pour planifier les vCPU des VM.
  • Performance : VMware recommande de laisser l’Hyperthreading activé pour la majorité des workloads, car il améliore la densité de consolidation.
Bonnes pratiques
  • Toujours activer Hyperthreading sauf cas particuliers (applications sensibles à la latence ou workloads HPC très spécifiques).
  • Surveiller le CPU Ready Time : l’Hyperthreading peut masquer une contention CPU, il faut donc analyser régulièrement les métriques.
  • Réserver des ressources pour les VM critiques : utiliser les CPU reservations pour garantir des performances stables.
  • DRS et vMotion : répartir les VM pour éviter que trop de vCPU concurrents saturent les cœurs logiques.
  • Benchmarks internes : tester avec et sans Hyperthreading pour valider le gain réel selon les applications.
Risques et limites
  • Pas un vrai doublement : le gain est souvent de 20–30 %, rarement plus.
  • Workloads sensibles : certaines applications temps réel ou HPC peuvent voir une latence accrue.
  • Sécurité : certaines vulnérabilités CPU (ex. Spectre/Meltdown) exploitent l’Hyperthreading, d’où des recommandations ponctuelles de désactivation dans des environnements ultra‑sécurisés.

L’Hyperthreading est une fonctionnalité à activer par défaut dans VMware vSphere, car elle augmente la densité et améliore la réactivité des VM. Toutefois, il faut surveiller les métriques CPU et ajuster les ressources pour les workloads critiques afin d’éviter les effets de contention.

Optimisation de la mémoire

Ballooning et Transparent Page Sharing (TPS)

mécanismes permettant de récupérer de la mémoire inutilisée.

Ballooning et Transparent Page Sharing (TPS) sont deux mécanismes clés de gestion mémoire dans VMware vSphere, permettant de maintenir la stabilité des environnements virtualisés en cas de surallocation.

Ballooning

  • Principe : le pilote VMware Tools dans la VM gonfle un « ballon » virtuel qui consomme de la mémoire invitée.
  • Effet : l’OS invité libère de la mémoire vers l’hôte ESXi, qui peut la redistribuer à d’autres VM.
  • Utilité : évite le swap disque côté hyperviseur, qui est beaucoup plus coûteux en performance.
  • Limite : si la VM est déjà sous pression mémoire, le ballooning peut dégrader ses performances.

Transparent Page Sharing (TPS)

  • Principe : ESXi identifie les pages mémoire identiques entre plusieurs VM et les consolide en une seule copie physique.
  • Effet : réduction de la consommation mémoire globale, surtout dans des environnements avec des VM similaires (ex. clones Windows/Linux).
  • Évolution : depuis ESXi 5.x, VMware limite le TPS inter‑VM pour des raisons de sécurité (risques de fuite d’information via attaques side‑channel).
  • Utilité : efficace dans les environnements homogènes, moins dans les workloads très variés.

Ballooning et TPS sont des mécanismes complémentaires. Le premier agit en temps réel pour équilibrer la mémoire, le second optimise en dédupliquant les pages identiques. Leur efficacité dépend fortement de la configuration des VM et du type de workloads.

Réservation et limites

Définir des reservations pour les VM critiques et éviter les limits trop restrictives.

Dans VMware vSphere, la gestion des ressources CPU et mémoire repose sur trois mécanismes principaux : réservations, limites et shares. Bien comprendre leur rôle est essentiel pour optimiser la performance et garantir la qualité de service des VM.

Réservations
  • Définition : quantité minimale de ressources (CPU ou mémoire) garantie à une VM.
  • Effet : l’hyperviseur réserve cette portion, même si elle n’est pas utilisée.
  • Utilité : assurer la performance des VM critiques (bases de données, applications temps réel).
  • Exemple : une VM avec une réservation mémoire de 4 Go aura toujours au moins 4 Go disponibles, même en cas de contention.

Attention : trop de réservations peut réduire la flexibilité du cluster et limiter la consolidation.

Limites
  • Définition : plafond maximum de ressources qu’une VM peut consommer, même si l’hôte dispose de ressources libres.
  • Effet : empêche une VM de dépasser un certain seuil, utile pour contrôler les workloads gourmands.
  • Utilité : éviter qu’une VM monopolise CPU ou mémoire au détriment des autres.
  • Exemple : une limite CPU fixée à 2000 MHz empêche la VM d’utiliser plus de 2 GHz, même si l’hôte a du CPU disponible.

Attention : fixer des limites trop basses peut dégrader inutilement les performances.

Shares (parts)
  • Définition : priorité relative entre VM lors de la contention.
  • Effet : une VM avec plus de shares obtient plus de ressources en cas de compétition.
  • Utilité : hiérarchiser les workloads (ex. donner priorité aux VM de production sur celles de test).
Exemple pratique

VM1 (Production DB) : Réservation mémoire 8 Go, Shares High, Pas de limite → toujours performante.

VM2 (Test) : Pas de réservation, Shares Low, Limite CPU 1000 MHz → contrôlée pour ne pas impacter les autres.

  • Réservations = garantie minimale.
  • Limites = plafond maximum.
  • Shares = priorité relative.

L’art de l’optimisation consiste à équilibrer ces trois paramètres pour garantir la performance des VM critiques tout en maintenant une bonne densité de consolidation.

Large Pages

Utiliser les Huge Pages pour réduire la surcharge de traduction d’adresses mémoire.

Les Large Pages (ou Huge Pages) sont une fonctionnalité de gestion mémoire qui permet d’optimiser les performances des VM en réduisant la surcharge liée à la traduction d’adresses mémoire (TLB – Translation Lookaside Buffer).

Qu’est-ce qu’une Large Page ?
  • Par défaut, les systèmes utilisent des pages mémoire de 4 Ko.
  • Les Large Pages regroupent plusieurs petites pages en une seule de 2 Mo (ou plus selon l’architecture).
  • Cela réduit le nombre d’entrées dans la TLB et améliore l’efficacité des accès mémoire.
Large Pages dans vSphere
  • ESXi utilise automatiquement les Large Pages pour les VM lorsque la mémoire est disponible.
  • Les VM bénéficient de meilleures performances, notamment pour les workloads intensifs (bases de données, HPC, big data).
  • En cas de pression mémoire, ESXi peut revenir aux petites pages pour activer des mécanismes comme le Transparent Page Sharing (TPS).
Avantages
  • Réduction de la latence mémoire : moins de translations d’adresses.
  • Amélioration des performances CPU : surtout pour les applications gourmandes en mémoire.
  • Optimisation des workloads critiques : bases de données, ERP, calcul scientifique
Limites
  • Moins de déduplication TPS : les Large Pages réduisent l’efficacité du Transparent Page Sharing.
  • Pression mémoire : en cas de surallocation, ESXi peut fragmenter les Large Pages en petites pages.
  • Pas toujours utile : pour des VM légères ou hétérogènes, le gain est marginal.

Les Large Pages sont un levier puissant pour améliorer les performances mémoire dans vSphere, particulièrement pour les workloads intensifs. Toutefois, il faut équilibrer leur usage avec d’autres mécanismes comme le TPS et le ballooning pour éviter les effets négatifs en cas de contention.

Optimisation du réseau

VMXNET3

Privilégier ce pilote pour des performances réseau optimales.

VMXNET3 est l’adaptateur réseau paravirtualisé recommandé dans VMware vSphere, offrant des performances supérieures et des fonctionnalités avancées par rapport aux cartes réseau émulées classiques.

Qu’est-ce que VMXNET3 ?
  • Type : Carte réseau paravirtualisée (non émulée).
  • Performance : Optimisée pour les environnements virtualisés, avec une latence réduite et une meilleure bande passante.
  • Par défaut : La vitesse de lien est de 10 Gbps.
Fonctionnalités principales
  • Multiqueue / RSS (Receive Side Scaling) : permet de répartir le trafic réseau sur plusieurs cœurs CPU, améliorant les performances sur les VM multi‑vCPU.
  • Support IPv6 : offloads matériels pour IPv6, réduisant la charge CPU.
  • MSI/MSI-X interrupts : gestion avancée des interruptions pour améliorer la scalabilité.
  • Jumbo Frames : support de trames réseau jusqu’à 9K pour optimiser les transferts volumineux.
  • VLAN tagging et NetQueue : meilleure gestion du trafic réseau dans les environnements denses.

VMXNET3 est le choix recommandé pour toutes les VM modernes dans vSphere, car il combine performance, scalabilité et compatibilité avec les fonctionnalités réseau avancées. Il doit être privilégié par rapport aux adaptateurs émulés (e1000/e1000e), sauf cas de compatibilité spécifique

Traffic Shaping

Réguler le trafic pour éviter la congestion.

Le Traffic Shaping est une fonctionnalité de vSphere qui permet de contrôler le débit réseau des machines virtuelles ou des groupes de ports (port groups) afin d’éviter la congestion et de garantir une répartition équitable des ressources réseau.

Principe
  • Traffic Shaping sortant (Outbound) : limite la bande passante utilisée par une VM ou un port group lorsqu’elle envoie des données.
  • Traffic Shaping entrant (Inbound) : disponible uniquement sur les Distributed Switches (VDS), permet de contrôler le trafic reçu.
  • Objectif : réguler le flux réseau pour éviter qu’une VM ou un service ne monopolise la bande passante.
Paramètres principaux
  1. Average Bandwidth (kbps)
    • Débit moyen autorisé sur une période.
    • Exemple : 10 000 kbps = 10 Mbps
  2. Peak Bandwidth (kbps)
    • Débit maximum autorisé en cas de burst (pics).
    • Exemple : 20 000 kbps = 20 Mbps.
  3. Burst Size (KB)
    • Quantité maximale de données pouvant être envoyées en burst avant retour au débit moyen.
    • Exemple : 1024 KB = 1 MB.

Le Traffic Shaping est un outil puissant pour maîtriser la bande passante réseau dans vSphere, surtout dans les environnements mutualisés ou critiques. Bien configuré, il permet d’éviter les congestions et d’assurer une qualité de service stable.

NIC Teaming

Mettre en place des stratégies de redondance et de répartition de charge.

Le NIC Teaming est une technique qui consiste à associer plusieurs cartes réseau physiques (NIC) sur un hôte ESXi afin d’améliorer la tolérance aux pannes et la répartition de charge. C’est une pratique essentielle pour garantir la disponibilité et la performance réseau dans un environnement virtualisé.

Objectifs du NIC Teaming
  • Redondance : assurer la continuité de service en cas de défaillance d’une carte réseau ou d’un lien physique.
  • Load Balancing : répartir le trafic réseau entre plusieurs interfaces pour optimiser la bande passante.
  • Scalabilité : augmenter la capacité réseau disponible pour les VM.

Le NIC Teaming est un pilier de la haute disponibilité réseau dans vSphere.

  • Sur vSwitch standard (VSS) → privilégier la simplicité (port ID).
  • Sur vSphere Distributed Switch (VDS) → utiliser Load Based Teaming (LBT) pour une répartition dynamique et optimale.

Optimisation du stockage

VMFS et vSAN

Choisir le format adapté et optimiser la taille des blocs.

Ces deux technologies sont au cœur de la gestion du stockage dans vSphere, mais elles répondent à des besoins différents : VMFS est un système de fichiers partagé, tandis que vSAN est une solution de stockage distribué et hyperconvergé.

VMFS (Virtual Machine File System)

Système de fichiers propriétaire de VMware, utilisé pour stocker les fichiers des VM (VMDK, logs, snapshots).

Caractéristiques :

  • Permet à plusieurs hôtes ESXi d’accéder simultanément au même datastore.
  • Supporte le verrouillage distribué pour éviter les conflits d’accès.
  • Compatible avec SAN (Fibre Channel, iSCSI) et stockage local.
vSAN (Virtual SAN)

Solution de stockage distribué intégrée à vSphere, qui agrège les disques locaux des hôtes ESXi pour créer un datastore partagé.

Caractéristiques :

  • Hyperconvergence : combine calcul, réseau et stockage dans un même cluster.
  • Utilise des politiques de stockage définies par VM (Storage Policy Based Management).
  • Supporte la réplication, la déduplication, la compression et l’Erasure Coding.
En Résumé
  • VMFS reste pertinent dans les environnements traditionnels avec SAN/NAS, offrant stabilité et compatibilité.
  • vSAN est la solution moderne pour les infrastructures hyperconvergées, offrant flexibilité, évolutivité et intégration native avec vSphere

En pratique, beaucoup d’entreprises utilisent VMFS pour les workloads historiques. Elles utilisent vSAN pour les nouveaux projets hyperconvergés, selon leurs besoins et leur budget.

Multipathing

Configurer plusieurs chemins d’accès pour améliorer la tolérance aux pannes.

Le Multipathing est une fonctionnalité critique de vSphere qui permet de gérer plusieurs chemins d’accès entre les hôtes ESXi et les baies de stockage. L’objectif est d’assurer tolérance aux pannes et optimisation des performances dans les environnements SAN (Fibre Channel, iSCSI).

Principe
  • Un hôte ESXi peut accéder à un LUN via plusieurs chemins physiques (cartes HBA, ports de switch, contrôleurs de baie).
  • Le VMware Native Multipathing Plugin (NMP) gère ces chemins et choisit le meilleur en fonction de la politique définie.
  • En cas de défaillance d’un chemin, le trafic bascule automatiquement vers un autre (failover).
Politiques de chemin (Path Selection Policies – PSP)
  1. Fixed (par défaut)
    • Utilise un chemin préféré.
    • Si ce chemin échoue, bascule vers un autre disponible.
    • Reviendra au chemin préféré une fois restauré.
  2. Round Robin (RR)
    • Répartit les I/O de manière cyclique sur tous les chemins disponibles.
    • Améliore la performance en équilibrant la charge.
  3. Most Recently Used (MRU)
    • Utilise le dernier chemin actif.
    • Ne revient pas automatiquement au chemin préféré.
    • Souvent utilisé avec certaines baies de stockage qui gèrent elles-mêmes le chemin actif.
Exemple pratique
  • SAN Fibre Channel avec 2 HBA et 2 contrôleurs de baie → 4 chemins disponibles par LUN.
  • Politique Round Robin → les I/O sont répartis sur les 4 chemins, augmentant la bande passante et réduisant la latence.

Le Multipathing est indispensable pour garantir la résilience et la performance du stockage dans vSphere. Bien configuré, il permet d’exploiter pleinement les capacités des baies SAN tout en assurant une continuité de service en cas de panne matérielle.

Storage I/O Control (SIOC)

Réguler l’accès concurrent au stockage pour éviter les goulots d’étranglement.

Le Storage I/O Control (SIOC) est une fonctionnalité de vSphere qui permet de réguler l’accès concurrent au stockage partagé (datastores VMFS ou vSAN) afin d’éviter les goulots d’étranglement et de garantir une qualité de service équitable entre les VM.

Principe
  • Lorsqu’un datastore est sous contention I/O (latence élevée), SIOC intervient pour redistribuer dynamiquement les ressources disque.
  • Chaque VM se voit attribuer des shares de stockage (priorité relative), similaires aux CPU shares.
  • Les VM avec des shares plus élevés obtiennent plus d’accès au stockage en cas de congestion.
Fonctionnement
  1. Surveillance : ESXi mesure en continu la latence des I/O sur le datastore.
  2. Détection de contention : si la latence dépasse un seuil configuré (par défaut 30 ms), SIOC s’active.
  3. Répartition dynamique : les I/O sont régulés selon les shares définis pour chaque VM.
  4. Retour à la normale : quand la contention disparaît, SIOC cesse d’intervenir.
Avantages
  • Équité : empêche une VM gourmande de monopoliser le stockage.
  • Priorisation : garantit la performance des VM critiques.
  • Automatisation : ajustement dynamique sans intervention manuelle.
  • Compatibilité : fonctionne avec VMFS, NFS et vSAN.
Limites
  • Ne remplace pas le dimensionnement : SIOC optimise, mais ne compense pas un stockage sous‑dimensionné.
  • Seuil de latence : mal configuré, il peut déclencher trop tôt ou trop tard.
  • Pas utile sans contention : SIOC n’apporte rien si le datastore est performant et peu sollicité.
Exemple pratique

Datastore partagé par 20 VM.

  • Une VM de sauvegarde consomme massivement les I/O → latence élevée pour toutes les VM.
  • Avec SIOC activé et des shares configurés, les VM de production gardent la priorité, tandis que la VM de sauvegarde est ralentie.

Le Storage I/O Control (SIOC) est un outil puissant pour maintenir la qualité de service du stockage dans vSphere. Il agit comme un arbitre en cas de contention, garantissant que les VM critiques continuent de fonctionner correctement même dans des environnements très sollicités.

Supervision et bonnes pratiques

vCenter Performance Charts

Analyser régulièrement les métriques CPU, mémoire, disque et réseau.

Les vCenter Performance Charts permettent de surveiller en temps réel et d’analyser en profondeur l’utilisation des ressources (CPU, mémoire, disque, réseau) des hôtes ESXi et des machines virtuelles. Ils sont essentiels pour détecter les goulots d’étranglement et optimiser les environnements VMware vSphere.

Les vCenter Performance Charts sont un outil incontournable pour tout administrateur VMware. Ils permettent de diagnostiquer rapidement, de personnaliser l’analyse avancée, et de planifier la capacité. Leur utilisation conjointe avec PowerCLI et des outils externes (Grafana, Zabbix, etc.) offre une vision complète de la performance

DRS (Distributed Resource Scheduler)

Automatiser la répartition des charges entre hôtes.

HA (High Availability)

Garantir la continuité de service en cas de défaillance matérielle.

Le Distributed Resource Scheduler (DRS) dans VMware vSphere est un mécanisme d’orchestration qui répartit automatiquement les machines virtuelles sur un cluster d’hôtes ESXi afin d’optimiser l’utilisation des ressources CPU et mémoire.

DRS est une fonctionnalité de vSphere qui analyse en continu la charge des hôtes d’un cluster et déplace les VM (via vMotion) pour équilibrer les ressources.

  • Objectif : éviter la surcharge d’un hôte et garantir que les VM disposent des ressources nécessaires.
  • Automatisation : fonctionne selon des niveaux configurables (manuel, partiellement automatisé, totalement automatisé).

Le DRS est un pilier de l’optimisation des clusters vSphere, garantissant une répartition intelligente des VM et une meilleure résilience. Bien configuré, il réduit la charge d’administration et assure une performance stable même en cas de variation des workloads.

Risques et limites

Surallocation excessive : peut dégrader fortement les performances.

La surallocation excessive est l’un des pièges les plus fréquents dans VMware vSphere, et elle peut sérieusement dégrader les performances des VM et de l’hôte.

Pourquoi la surallocation est problématique

  • CPU : attribuer trop de vCPU par rapport aux cœurs physiques disponibles entraîne du CPU Ready Time élevé → la VM attend son tour pour exécuter ses instructions.
  • Mémoire : donner plus de RAM que nécessaire provoque du ballooning ou du swap, ce qui ralentit les applications.
  • Stockage : surdimensionner les disques provisionnés sans contrôle peut saturer le datastore et impacter toutes les VM.
Symptômes d’une surallocation
  • Latence applicative et ralentissements visibles par les utilisateurs.
  • CPU Ready Time > 5–10 % dans les Performance Charts.
  • Utilisation mémoire disproportionnée par rapport aux besoins réels.
  • Contention I/O sur le stockage.

La surallocation excessive est un faux gain : elle donne l’impression d’offrir plus de ressources, mais en réalité elle crée de la contention et dégrade la performance globale du cluster. L’optimisation passe par un dimensionnement réaliste et une surveillance proactive.

Mauvaise configuration NUMA : entraîne une latence mémoire élevée.

Une mauvaise configuration NUMA dans VMware vSphere peut avoir un impact direct sur la latence mémoire et donc sur les performances globales des VM.

Symptômes d’une mauvaise configuration NUMA
  • Latence mémoire élevée dans les Performance Charts de vCenter.
  • Utilisation CPU correcte mais performance applicative dégradée.
  • Workloads sensibles (bases de données, HPC, big data) qui montrent des ralentissements inattendus.

Une mauvaise configuration NUMA entraîne une latence mémoire élevée et des performances dégradées. La clé est de dimensionner correctement les VM, d’activer vNUMA pour les workloads critiques, et de surveiller régulièrement les métriques pour ajuster la configuration.

Absence de monitoring : rend difficile l’identification des goulots d’étranglement

L’absence de monitoring dans un environnement VMware vSphere (ou toute infrastructure IT) rend effectivement très difficile l’identification des goulots d’étranglement. Sans visibilité, on ne peut ni anticiper ni diagnostiquer correctement les problèmes de performance.

Conséquences de l’absence de monitoring
  • CPU : impossible de détecter un CPU Ready Time élevé ou une surallocation de vCPU.
  • Mémoire : pas de visibilité sur le ballooning, le swap ou la latence NUMA.
  • Stockage : difficile de repérer une contention I/O ou une latence disque excessive.
  • Réseau : pas de suivi du trafic, des saturations ou des erreurs de paquets.
  • Planification : incapacité à anticiper les besoins futurs (capacity planning)
Exemple concret
  • Sans monitoring :
    • Une VM critique ralentit → on incrimine l’application.
  • Avec monitoring :
    • On voit que le CPU Ready Time est à 15 % → la VM est surdimensionnée en vCPU → solution : réduire le nombre de vCPU ou équilibrer avec DRS.

L’absence de monitoring transforme la gestion d’infrastructure en pilotage à l’aveugle.
Un monitoring bien configuré permet non seulement de détecter les goulots d’étranglement, mais aussi de prévenir les incidents et d’optimiser les ressources.

Conclusion

L’optimisation de VMware vSphere est un processus continu qui combine paramétrage technique, surveillance proactive et ajustements dynamiques. En appliquant ces bonnes pratiques, les administrateurs peuvent garantir un environnement virtualisé performant et stable. Cet environnement est également évolutif et adapté aux besoins des entreprises modernes.

Ressource

Consultez le document officiel Performance Best Practices du VMware vSphere 8.0

Recommandations pour améliorer les performances d’ESXi

Livre : VMware vSphere Performance: Designing CPU, Memory, Storage, and Networking for Performance-Intensive Workloads 1st Edition, Kindle Edition

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